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Musique: Lallemant-le-Somptueux ouvre sa porte

Annie Gaspard /

 

Avec ses hôtes, Bastien Lallemant part en chevauchée poétique à travers les méandres de l’amour, du désamour et de la solitude. Une maison hautement hantée…

Bastien Lallemant aime les embarquements. Le Dijonnais, qui traverse au trot élégant et cultivé la chanson française (celle qu’on déguste goutte à goutte, pas de celle que l’on consomme) depuis le début du siècle, s’est embarqué en auteur-compositeur-interprète dans une chevauchée fantastique à la recherche de petites lentilles précieuses dans les cailloux de la vie.
Son nouvel album, La Maison haute*, le plus intime de ses quatre albums, est sans doute sa plus belle récolte… de lentilles. «Je trouvais l’analogie possible entre chanson et lentille comme si mes notes raturées, des mots et des idées précipités et aussitôt retirés, étaient un plateau de cailloux dans lequel, peu à peu, je trouvais quelquefois une lentille. C’est la raison du titre « Une lentille dans les cailloux Â» du livre dans lequel je tente d’expliquer à ma fille comment j’invente une chanson.»*
Embarquement dans un univers de pépites où les fantômes dansent avec les vivants dans une maison hantée de beaux mots qui chevauchent les sentiments amoureux comme autant de questionnements sur leur résistance au temps et à l’éloignement. Douze voyages en noir et blanc rayonnants des ombres que le soleil laisse de ses allées et venues sur nos cœurs. Douze petits cailloux rugueux comme nos chevauchées «un album enregistré à l’ancienne comme on faisait les photos argentiques, en allant chercher le grain et les accidents de la bande analogique».
Riffs de guitare à l’américaine sertis dans une soie tissée de cordes sensibles et de finesses baroques, la maison roule sur les routes de l’intemporel comme on entrerait dans un film de Bergman dont la bande-son mélangerait le Stabat Mater de Pergolèse, le Gainsbourg de Melody Nelson et Nick Drake.
Lallemant-le-dévoreur-de-livres-fan-de-Brassens fictionne en chantant.
Siestes
«Dès les premiers instants, j’avais cette passion pour l’écriture d’une chanson qui soit un espace où je puisse inventer personnages, situations, contextes ou paysages. Je crois beaucoup à cette chanson immense fiction aussi bien picturale, cinématographique que psychologique.»
Des petites nouvelles musicales qui nous parlent de nous et de lui avec cette voix grave et chaude qui envoûte les mots et leur agencement précis et précieux et la maison qui devient le centre de tous les battements du cœur. Sous hautes palpitations…
Une maison d’hôtes. Embarquement dans un laboratoire alchimique. Car Bastien Lallemant ne dort pas entre deux albums (l’avant-dernier, Le Verger, date de 2010), il s’interfère dans des projets artistiques divers – «J’ai toujours été intéressé par toutes les formes d’art. Cela me vient de mes parents qui ont ouvert en moi cette grande curiosité» – et il fait des «siestes acoustiques» à géométrie variable avec ses amis musiciens (Nataf, Belin, Jordana, de la Simone, Maissiat, Babx, et autres trentenaires et quadras de la chanson française), un concept imaginé lors d’un festival en 2010. «Le public est allongé, en veille, n’applaudit pas. Cela nous dégage de toute la responsabilité et l’énergie du show. On joue comme à la maison, on se nourrit les uns des autres. Un terrain d’expérimentations infini.» L’heure du retour en douce…

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